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En quête d’une famille

Vous l’aurez appris dans les médias, ou encore je vous l’apprendrai à l’instant. Je fais partie d’un groupe de citoyens partageant ma recherche d’une nouvelle alternative politique ayant décidé de lancer un projet de fondation de parti politique provincial. Ce parti, centré sur quatre valeurs, réponds à la manière dont je me décris depuis le début sur ce blogue: progressiste, fédéraliste, régionaliste et écologiste.

Si ce projet devient réalité, je ne serai plus un orphelin politique, et mon vote sera libre de s’exprimer avec fierté aux prochaines élections. Ce blogue, qui n’aura duré qu’un temps, devient donc obsolète et ne sera plus alimenté.

Merci à ceux qui m’ont suivi pendant cette nouvelle partie de mon aventure. Sachez-le, le lancement d’une nouvelle formation demande beaucoup de travail et une certaine abnégation (malgré ce qu’on en pense). Je ne sais pas où le chemin nous mènera pour la suite, mais je suis impatient de le savoir. Souhaitez-nous donc bonne chance.

Chers citoyens du Québec, au plaisir.

 

Petite pause

Pendant les prochains jours, je risque d’avoir peu le temps d’alimenter ce blogue. Je traverse en ce moment une période de travaux intensifs, tant sur le plan personnel que scolaire, et je préfère m’y consacrer pleinement.

Merci et à bientôt.

 
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Publié par le 18 octobre 2011 dans Uncategorized

 

Un devoir moral

Les gouvernements ont une fâcheuse tendance à agir au gré des crises et des gros titres de l’heure. Nous en sommes en partie responsable et c’est bien humain : quand tous les projecteurs sont tournés dans une direction, la majorité regarde de ce côté. Il reste qu’au-delà des manchettes et des sujets chauds, il y a de ces problèmes de société qu’on traîne sans jamais s’y attaquer de front, parce que ça n’est pas populaire ou pressant. Les négociations constitutionnelles font partie de cette catégorie depuis seize ans. La dernière saga aura duré de 1987 à 1995, jetant l’anathème sur le sujet. Il n’est pas inutile de souligner que l’un des moments clés de cette période a été l’échec de l’Accord du lac Meech à l’impulsion d’un homme bien particulier : Elijah Harper.

Mashteuiatsh, près de Roberval au Lac-St-Jean

Meech avait pour ce député manitobain un grand défaut : il ne faisait écho à aucune revendication des Premières nations au pays. Lui-même amérindien, M. Harper a donc fait de l’obstruction systématique à l’Assemblée législative du Manitoba, empêchant la province de ratifier l’accord et justifiant ainsi le recul de Terre-Neuve sur la même question (Clyde Wells, alors premier ministre de cette province, a de mémoire souligné que si le Manitoba avait signé l’accord, il n’aurait pas osé agir de la sorte). Ceci nous ramène à une autre question qu’on laisse commodément moisir sous le tapis : les revendications des Premières nations.

La résolution des tensions constitutionnelles au Canada apparaît presque comme un jeu d’enfant devant la complexité des revendications, droits et problèmes des Premières nations et des Inuits. Les blessures sont vives dans ces communautés qu’on a longtemps méprisé… et qu’on méprise trop souvent encore aujourd’hui. Les membres des Premières Nations, coincés dans des réserves, sont aux prises avec une foule de dilemmes. S’ils veulent préserver leur culture, ils ne peuvent s’éloigner de ces collectivités où l’avenir est souvent limité. Si en sortant ils peuvent s’ouvrir d’autres portes, ils perdent également leurs repères et se font peu à peu assimiler, tout en ayant à subir le regard sévère que les autres Canadiens portent sur eux.

Je suis aussi coupable que les autres. Le centre Nikanite sur les Premières Nations de l'UQAC présentait hier et aujourd'hui un colloque sur la gouvernance de ces communautés. Mais manque de temps et d'argent, je n'y suis pas allé...

Les communautés sont loin d’être toutes équivalentes. Celles qui sont les plus rapprochées des zones plus densément habitées s’en tirent progressivement mieux, capables de générer une certaine activité économique au sein de leur réserve. D’autres, logées extrêmement loin aux confins des territoires sauvages du Québec, souffrent de leur isolement. Dans tous les cas, les problèmes sociaux sont ravageurs. Et trop souvent, on résume la question des Premières Nations à ces problèmes, qui sont pourtant en partie des symptômes de notre incapacité à renégocier un pacte d’égal à égal avec elles. Le nœud de l’affaire, c’est une quête d’autonomie, de liberté et de fierté retrouvée de leur côté.

Je ne me lancerai pas dans des pistes de solutions, parce que je n’en ai tout bonnement pas. On côtoie l’univers des Premières Nations sans vraiment jamais y mettre sérieusement les pieds, et je suis à cet égard tout aussi coupable que les autres. Ce qui m’apparaît clair, c’est qu’un gouvernement vraiment responsable doit comprendre que nous ne pourrons nous regarder dignement dans le miroir comme nation québécoise que le jour où nous parviendrons à nous entendre avec ces autres nations qui peuplent notre territoire. J’espère un jour avoir la chance de discuter avec des Amérindiens et Inuits des problèmes qui les touchent pour mieux comprendre ce qu’ils vivent et comment améliorer leur sort. Nous n’avons pas le droit de les laisser derrière.

 

Ces provinces qui étonnent

On connaît bien mal le Canada anglais. Avec les élections qui ont cours un peu partout au pays, le voile se lève un peu sur la culture politique de chacune des autres provinces, révélant un portrait plus diversifié que ce que l’on pourrait croire à première vue.

Terre-Neuve-et-Labrador vient de reconduire au pouvoir un gouvernement conservateur. Mais ce gouvernement est dirigé par une femme, Kathy Dunderdale, ce qui n’est pas une mince affaire au Canada. On attend toujours que le Québec fasse la même chose, un jour (sans m’avancer sur l’identité de la femme en question). Ce même gouvernement conservateur était celui du flamboyant Dany Williams, qui, bien qu’ayant mené quelques batailles en règle contre le Québec, mérite notre attention pour sa défense acharnée des intérêts de sa province. Son gouvernement n’a pas hésité à mettre au pas AbitibiBowater, à renier le parti conservateur fédéral avec véhémence par quête d’autonomie provinciale et à affirmer que les Terre-Neuviens devaient être maîtres chez eux!

L’Ontario aussi a de quoi susciter notre intérêt. Le taux de participation y a été encore plus anémique qu’au Québec, signe que nous ne sommes pas les seuls en quête de renouveau. Contre plusieurs prédictions, les libéraux de Dalton McGuinty ont été reportés au pouvoir, dans un gouvernement minoritaire par un seul siège. Ils ont ainsi fait échec aux conservateurs, qui espéraient rafler Queen’s Park après avoir balayé la province aux élections fédérales et remporté Toronto grâce à Rob Ford. Les Ontariens ont finalement préféré le francophone et francophile Dalton McGuinty, qui est le premier franco-Ontarien à diriger la province depuis la Confédération, à un Tim Hudak très à droite, quasiment pas bilingue et manifestement peu préoccupé par le sort de l’importante minorité linguistique ontarienne. Le gouvernement libéral est également plus progressiste et s’entend bien avec le Québec.

En Alberta, même sans élections, la course à la chefferie du parti progressiste-conservateur, au pouvoir depuis 40 ans, a mené là aussi au choix d’une femme, Alison Redford. Pour une province que l’on voit d’emblée comme très conservatrice, au sein du parti de la même idéologie, le tout peu surprendre. C’est d’autant plus étonnant si l’on considère que le nouvel adversaire en ascension à ce gouvernement est le Wildrose Alliance, lui aussi dirigé par une femme, Danielle Smith! Ce nouveau parti a peut-être de quoi nous surprendre, notamment parce qu’il suggère une plus grande autonomie de la province (police provinciale, perception des taxes et impôts, gestion de l’immigration…). Complétons le portrait albertain avec l’élection, plus ancienne, de Naheed Nenshi, un musulman, à la mairie de Calgary. Décidément, l’Alberta a de quoi nous étonner, et nous possédons peut-être, au-delà des idéologies, plus en commun que nous pourrions le croire au plan des revendications…

Les élections en Saskatchewan viennent de débuter. J’ai donc appris au passage que le gouvernement sortant n’est ni libéral, ni conservateur, mais les deux! Le Parti saskatchewannais est issu d’une fusion des deux formations politiques, suivant une évolution radicalement différente de ce qui s’est produit au fédéral. Ce gouvernement n’est pas sans velléités autonomistes : il a réclamé à grands cris et avec succès que le gouvernement fédéral bloque l’acquisition étrangère du fleuron canadien Potash Corp, titan de l’économie de la Saskatchewan. Et puisque je suis, comme la plupart des Québécois, bien peu au fait de ce qui se passe dans les autres provinces, je suis persuadé qu’il reste encore nombre de découvertes surprenantes à faire sur les partenaires qui sont les nôtres dans cette fédération.

Bref, les autres provinces canadiennes sont loin d’être uniformes et figées dans le temps. Elles évoluent elles aussi, parfois de façon imprévue, et rejoignent même le Québec dans certains de leurs discours… Peut-être sera-t-il possible, un jour, de réconcilier ces volontés d’autonomie naissantes et ces particularités politiques dans une seule et même revendication de réforme de la constitution.

 

Développement, vraiment?

Un projet à long terme: c’est bien ce qu’est censé être le Plan Nord. J’ai déjà dit, et je crois toujours, que ce projet a beaucoup de potentiel. Encore faut-il qu’il soit bien mené.

Jean Charest fait ces derniers temps des tournées internationales pour vendre le Plan Nord aux investisseurs étrangers. L’expression n’est pas naïve : vendre le Plan Nord. Ce projet, qui représente une occasion rare de mettre en pratique les préceptes du développement durable, semble pour l’instant essentiellement concentré sur le développement économique à la vieille mode.

L’Actualité présentait dans sa dernière édition un dossier dont je recommande chaudement la lecture au sujet des effets du boom minier sur la Côte-Nord. En parcourant certains passages, il est difficile de dissiper cette impression qu’on est en train de répéter le scénario des années 40 et 50 dans la région. Les mines poussent comme des champignons, à grands renforts de développement portuaire, de nouvelles routes et de quartiers temporaires ou permanents. Mais un développement aussi fulgurant ne se fait pas sans peine. Le prix du logement explose, les emplois des services de base (serveuses, pompistes, etc.) ne trouvent plus preneur faute de salaire attrayant et les municipalités crient au secours, incapables de faire suivre leurs services municipaux. Bref, on est bien content de voir que les villes et villages de la Côte-Nord font de nouveau l’objet d’attention et de développement… Mais on garde ce sentiment que tout va vite, trop vite, et qu’on ne pense pas à la suite des choses. On vend le nord plus qu’on ne le développe réellement, au sens durable du terme.

Keynes prêchait l’intervention du gouvernement en cycle économique défavorable pour relancer l’économie et ajoutait qu’on devait profiter des belles années pour rembourser ces dépenses supplémentaires. Tout comme l’économie, le prix des ressources naturelles fluctue de manière cyclique et parfois imprévisible. Le prix du fer et des autres métaux atteint aujourd’hui des sommets, c’est vrai. Mais qu’en sera-t-il dans 10 ou 20 ans? La Côte-Nord et les autres régions du Québec seront-elles encore aux prises avec cette morosité qui les gangrénait jusqu’à assez récemment? Il faudrait donc écouter la sagesse de Keynes et profiter de la manne pour parer les coups du sort à venir plus tard.
Si le taux des redevances imposées aux compagnies minières fait débat, la destinée de ces redevances devrait faire l’objet d’autant d’attention. Ne serait-il pas juste et naturel d’en confier une partie conséquente aux autorités locales et régionales des régions bénéficiant du développement minier, en vue de constituer des fonds patrimoniaux? Les compagnies minières, à moins qu’on ne les y contraigne, ne verront à rien d’autre qu’à leurs besoins immédiats. Les communautés et le gouvernement devront s’arranger pour prendre en charge les aspects du développement qui seront délaissés par ces entreprises, surtout à long terme. Et je ne le dirai jamais assez : les habitants d’une région sont les mieux placés pour prendre les choses en main. Il ne leur manque que les moyens de le faire.

La campagne électorale qui s’ouvre en Saskatchewan met en lumière un enjeu électoral qui pourrait nous inspirer. Le NPD de cette province propose de créer un fond à partir des redevances sur l’exploitation des ressources non-renouvelables, afin de ne pas se retrouver les mains vides quand la potasse ou l’uranium auront disparu du sous-sol… Qu’attendons-nous pour y penser, nous aussi?

 

Petite absence

Je profiterai de la longue fin de semaine pour effectuer un petit voyage hors de ma région. Je ne publierai donc aucun article avant mardi prochain.

Au plaisir!

 
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Publié par le 7 octobre 2011 dans Uncategorized

 

Est-ce que cela pardonne tout?

Je suis plutôt ambivalent.

Si vous n’étiez pas déjà au courant, La Presse avance que la commission d’enquête, finalement, aura lieu. Première réaction de ma part: surprise complète. Le gouvernement paraissait pourtant convaincu dans son refus de à tout crin. Et vu son argumentaire, il est à peu près impossible pour lui de changer d’idée sans contredire le discours qu’il véhicule depuis deux ans. Voilà pourquoi j’étais sûr que cette commission ne verrait jamais le jour sous les libéraux.

Est-ce que ceci ébranle ma décision de ne plus faire partie du PLQ? Non. Le refus de tenir cette commission d’enquête a contribué à mon départ, mais il n’en constituait pas la seule raison. Et qu’elle ait lieu ou pas, les deux dernières années ont assez bien démontré, à mon avis, à quel point les libéraux, sous Jean Charest, ont fait preuve d’obstination et de mauvaise foi. Ce changement de cap, s’il a bel et bien lieu, n’efface pas ces refus persistants, ni la perte de leadership de Jean Charest ou le fait que le PLQ n’est plus à même de mettre de l’avant de grands projets pour le Québec avec aplomb et crédibilité. Et cela ne retire pas cette conviction que j’ai acquise que les fédéralistes méritent davantage qu’une seule option électorale à Québec.

Mais évidemment, la nouvelle ne me laisse pas de marbre. Je ne sais pas ce qui a fait pencher la balance au juste. Je constate simplement qu’elle peut encore pencher. C’est davantage que ce à quoi je m’attendais désormais du PLQ. Je sais qu’il y a (et y a toujours eu) des gens plein de bon sens parmi les libéraux. Peut-être qu’une pression interne a été exercée (qui sait, des députés ont peut-être finalement menacé d’enlever la majorité au gouvernement et ainsi de le faire tomber). Ces gens-là diront que j’ai pris ma décision trop vite, ou trop impulsivement, en quittant le PLQ. Il reste quand même passablement de chemin à faire pour que je puisse me reconnaître à nouveau dans cette formation politique. Le même constat s’applique, je pense, à un grand nombre d’électeurs déçus ou dégoûtés.

Je n’aurais pas cru que la sorte de main tendue de Jacques Duscheneau, avec sa formule à huis clos partiel, serait en fin de compte saisie par le gouvernement. Et je crains les répercussions de cette orientation. Si cette formule avait été adoptée après un ou deux mois de révélations dans les médias, elle aurait été tout à fait acceptable. Mais en s’embourbant ainsi pendant des mois et des mois dans le déni et le refus, le gouvernement Charest a aussi endommagé la confiance du public en ses institutions et ses dirigeants. La commission d’enquête ne doit pas avoir pour seul but de démonter le système collusion/corruption dans la construction et l’administration publique. Elle doit aussi, de manière concurrente, se faire avec un maximum de transparence possible pour rétablir cette confiance. Plus le huis clos sera élargi, plus il participera à alimenter cynisme, méfiance et mécontentement, car on laissera encore et toujours cette impression qu’il y a quelque chose à cacher.

Je me range aussi à l’avis de Vincent Marissal, qui souligne que ce volte-face doit probablement beaucoup au calendrier. Les élections sont désormais assez rapprochées pour que les libéraux espèrent éviter les révélations gênantes avant d’y arriver. J’émets l’humble souhait que la population ne soit pas dupe. Après tout ce que Jean Charest et consorts nous ont fait subir dans ce dossier, ils méritent amplement une sanction par une défaite électorale retentissante. Par pitié, ne l’oublions pas quand nous serons rappelés aux urnes… Sinon, il y a quelque chose de fondamentalement vicié dans notre système, et cette fois, ça n’est pas la faute de nos politiciens, mais de notre propre turpitude.

Méditez-y donc. Jean Charest et son gouvernement vont déclencher la commission d’enquête, mais êtes-vous pour autant prêts à passer l’éponge sur leur attitude? Et surtout, n’oubliez pas la réponse d’ici les prochaines élections.

 
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Publié par le 6 octobre 2011 dans Uncategorized

 

Du balai!

Voilà le message que se propose de transmettre pour vous le regroupement Générations d’Idées. Je n’ai découvert les GEDI (comme ils s’appellent eux-mêmes) que tout récemment. Leur démarche est intéressante. Ils regroupent des jeunes de moins de 35 ans pour discuter politique en dehors d’un cadre partisan. Réunissant des gens de milieux variés, ils tamisent les résolutions présentées par les participants en écartant les moins consensuelles. Le résultat, c’est un mémoire très complet qui présente une myriade de mesures pouvant convenir à tous les courants idéologiques. On se demande souvent, à les lire, pourquoi personne ne les met en place, car la plupart des partis pourraient facilement les endosser…

Génération d’Idées désire mener une action symbolique en faisant parvenir au moins 150 balais aux portes de l’Assemblée nationale le 27 octobre, afin de souligner la nécessité de faire le ménage dans nos affaires politiques. Les acheteurs seront conviés à assister en personne à l’événement et leur nom sera apposé sur leur balai. Organismes et particuliers sont invités à participer.

Toutes les informations sur la démarche, y compris pour vous procurer un balai, sont disponibles ici : www.generationdidees.ca/balai/

Quant à moi, je participerai probablement à la prochaine activité de Génération d’idées, même si mon champ d’implication de prédilection demeure un parti politique. Ces GEDI gagnent à être connus et entendus.

 

Sur le neutre

Récidive citoyenne: une nouvelle pétition en ligne sur le site de l’Assemblée nationale réclame une enquête publique sur la construction et sur le financement des partis politiques. Je vous invite à la signer en grand nombre. Je l’ai moi-même fait ce matin.

Mais il y a un mais. Je dois en toute honnêteté vous aviser. En signant, vous remplirez votre rôle de citoyen en prenant part au débat public. Vous ferez valoir votre mécontentement et votre désir de solution. Vous démontrerez que la population ne partage pas l’avis du gouvernement. Mais vous n’obtiendrez aucun résultat.

Je sais, c’est décourageant. La minute et demie que vous prendrez pour remplir le formulaire et signer sera une pure perte (ce qui ne signifie pas que vous n’ayez pas à le faire!). Ce n’est pas de votre faute.

Voyez-vous, le véhicule politique qu’est le Parti libéral du Québec est sur le neutre. Il ne peut plus appuyer sur l’accélérateur, parce que son réservoir de confiance du public est à sec. Alors il essaie de durer le plus longtemps possible sur son élan, pour se rendre aux prochaines élections. Bien sûr, quand on ne peut pas rouler à pleine vitesse, le temps semble long avant la destination… C’est probablement l’effet ressenti par les libéraux, qui subissent sans fléchir pourtant leur supplice de la goutte. Goutte du liquide de transmission qui fuit depuis des années, la transmission entre le peuple et le gouvernement, qui ne fonctionne vraiment plus très bien. Le volant, ce fameux volant, commence à être vraiment difficile à manoeuvrer: presque impossible d’orienter correctement le gouvernement. Il faudra réparer tout ça. Et on connaît le prix que ça coûte, les réparations automobiles… euh, politiques!

En signant, vous demandez plutôt à ce que le gouvernement libéral mettre les freins. Qu’il déclenche cette commission qu’il refuse et qu’il arrête de s’entêter à rouler jusqu’à ce que panne du moteur s’ensuive. Mais il ne freinera pas. Ça fait déjà tellement longtemps qu’il continue sa course, sur le neutre, que même s’il ralentit peu à peu, il préférera que le véhicule s’arrête tout seul plutôt que de le freiner de lui-même. Ça se produira aux prochaines élections.

Jean Charest s’est trop entêté. Il ne peut plus reculer, plus revenir en arrière. Il n’a vraiment plus rien à perdre, entre nous. Il n’a même plus assez de capital politique pour se payer du carburant et relancer la machine. Alors pourquoi se mettrait-il à vous écouter, vous qui êtes sur toutes les lignes ouvertes de son système radio? Vous les détestez déjà, lui et son gouvernement, alors il a préféré mettre une vieille cassette plutôt que de vous entendre râler.

Le véhicule du PLQ est au neutre, et une voiture de police le suit, lui faisant signe de s’arrêter elle aussi. C’est sûr que les libéraux auront une contravention quand la voiture n’avancera plus, que les mains de Charest quitteront le volant. Mais bon, tant qu’à se faire pincer, aussin bien retarder le moment et profiter des kilomètres qui restent plutôt que d’optembérer immédiatement.

Ça ne servira à rien. Mais signez quand même la pétition, pour l’histoire. Ça fera toujours un clou de plus sur la chaussée pour arrêter le PLQ, au prochain barrage routier…

 
 

De chambres et de régions

Pauline Marois parle ces jours-ci de la proposition du Parti québécois de créer une Chambre des régions. Je ne peux que saluer l’initiative, ayant déjà moi-même tenté de proposer cette mesure dans le cadre d’une résolution sur la réforme du mode de scrutin préparée pour les jeunes libéraux, en 2008. Malheureusement, cette idée n’avait finalement pas été retenue pour faire partie de la résolution-cadre, et n’avait donc pas été discutée.

Une Chambre des régions, grossièrement, repose sur la possibilité constitutionnelle pour toute province canadienne de posséder deux chambres parlementaires. En 1968, le Québec a été la dernière à abolir son « sénat » provincial. Mais cela n’a pas pour autant supprimé cette possibilité à jamais. Et comme le Québec est libre de modifier les passages de la constitution canadienne qui ne concernent que lui, il pourrait parfaitement ressusciter cette chambre sous une nouvelle forme.

L’idée de Pauline Marois (en fait, celle du député Pascal Bérubé) demeure toutefois passablement floue. Jusqu’ici, on en apprend bien peu sur ce que cette chambre ferait au juste. On ne connaît que deux éléments : elle devrait être constituée d’élus à part entière et aurait pour mission de mieux représenter la territorialité québécoise.

L’instauration d’une Chambre des régions ne saurait se faire en dehors d’un large chantier de décentralisation et de restructuration des régions du Québec. À cet égard, la perspective du PQ paraît passablement limitée. Pour ma part, je verrais très bien une Chambre des régions s’intégrer à la démarche de mise sur pied des « gouvernements régionaux » que j’ai déjà proposée. Voici comment le tout pourrait s’articuler.

Les présidents de chaque conseil régional, en plus de présider aux assemblées de ce dernier, seraient délégués d’office à une Chambre des régions siégeant une semaine par mois (par exemple). Laval et Montréal (pour lesquelles je préconise une formule distincte, fusionnant en quelque sorte les paliers municipaux et régionaux) auraient également leur représentant. Notez que selon cette formule, aucun nouveau poste d’élu n’est créé : on utiliserait plutôt des élus disposant déjà de la légitimité pour représenter leur région. Un siège pourrait également être réservé aux Premières nations.

On aurait donc une assemblée de 18 personnes, représentant de manière égale toutes les régions, sans égard à leur population. Cette Chambre des régions aurait pour mission de représenter la territorialité du Québec. Grâce à une réforme du mode de scrutin, ajoutant de la proportionnalité, l’Assemblée nationale deviendrait pour sa part l’organe de représentation démographique et nationale. Et bien entendu, l’existence de conseils régionaux présuppose que des pouvoirs ont déjà été décentralisés vers les régions, et que celles-ci sont donc plus autonomes.

Cette Chambre des régions ne doit pas forcément avoir une importance égale à l’Assemblée nationale, qui demeurerait le lieu de responsabilité de l’exécutif et l’organe central pour légiférer au Québec. Elle devrait disposer, à mon sens, de pouvoirs moindre que le Sénat mais néanmoins conséquents. Par exemple, on pourrait lui octroyer un droit de véto suspensif, permettant de retarder pendant un bon moment l’application de lois jugées nuisibles aux régions. De même, cette Chambre des régions pourrait effectuer des consultations (à son initiative ou à la demande du gouvernement), proposer des projets de loi, des amendements et des motions à l’Assemblée nationale… Surtout, elle disposerait certainement d’une autorité morale, car une position commune des régions contre une mesure gouvernementale pourrait certainement peser dans la balance électorale. De manière analogue, on pourrait souhaiter que le Sénat fédéral, plutôt que d’être aboli, devienne une Chambre des provinces… Mais c’est un autre débat.

L’idée d’une Chambre des régions est donc intéressante. Cependant, appliquée seule, sans décentralisation, restructuration des instances régionales et réforme du mode de scrutin, elle n’aurait pas beaucoup d’utilité ou même de sens. J’espère que le PQ étoffera sa proposition, car je peine à voir ce qu’elle peut actuellement nous apporter.